Ancien président de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP), de 1974 à 1980, Antoine Lagarde est mort mardi 3 décembre. Il était âgé de 77 ans.
Né le 1er octobre 1925 à La Rochelle, docteur en médecine générale installé au Havre, Antoine Lagarde a gravi tous les échelons de la plus ancienne fédération de parents d'élèves.
Président d'une association locale en 1968, responsable de l'union locale du Havre deux ans plus tard, puis de l'union régionale de Rouen en 1972, il devient président de la fédération nationale en septembre 1974. Classée à droite, la PEEP est alors communément appelée "fédération Lagarde".
L'affrontement avec la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE, classée à gauche) – dite "fédération Cornec" du nom de son président de 1956 à 1980, Jean Cornec – est alors très vive. Lors de la première élection de parents d'élèves dans les écoles maternelles et primaires, en 1977, Antoine Lagarde accuse le Syndicat national des instituteurs (SNI) de manipuler le scrutin au profit de la FCPE. "L'école publique est-elle la chasse gardée d'un syndicat qui veut imposer son monopole en favorisant une seule fédération de parents-otages ?", interroge Antoine Lagarde en fustigeant une atteinte à la démocratie. Sa critique lui vaudra une réplique cinglante du SNI et une opposition durable entre la PEEP et le milieu enseignant.
Antoine Lagarde veut alors donner plus de place aux "usagers" de l'école, en premier lieu les parents. Il plaide pour que l'éducation sorte du face-à-face traditionnel entre administration et syndicats. "Grève en décembre, grève en mars et de nouveau grève en avril... Les parents aussi en ont marre", écrit-il dans Le Monde du 25 avril 1980 alors que les mouvements de protestation se multiplient dans les établissements scolaires. "Il y a un malaise enseignant, c'est vrai. Mais les raisons avancées par les syndicats ne sont pas objectives : en dix ans, il y a eu globalement une réduction des effectifs par classe", affirme-t-il pour dénoncer l'argumentaire de la gauche.
La PEEP intervient sur le dossier, déjà délicat à l'époque, des rythmes scolaires pour demander que "l'école s'adapte à l'enfant et non l'inverse". Dans cette période charnière, où les débats sur l'école sont très virulents, la Fédération prend position en faveur du "collège unique" mis en place par le ministre de l'éducation, René Haby. Face aux difficultés rencontrées dans les collèges, elle prendra plus tard ses distances avec le ministère critiquant les modalités de mise en place de la réforme.
Remplacé par Jean-Marie Schleret à la tête de la PEEP en septembre 1980, Antoine Lagarde a été ensuite membre du Conseil économique et social, conseiller général de Seine-Maritime et conseiller municipal du Havre. Il était père de cinq enfants.
Luc Bronner