Histoire de la famille LAGARDE
Par Louis Lagarde 1892-1985
Ecrite de 1960 à 1971.
transcription d’après photocopies et annotations entre crochets en octobre-novembre 1999, par François Lagarde (né le 30.7.1954)
Origines de la famille Lagarde et des familles qui s’y sont attachées par des mariages et ont contribué à son arbre généalogique.
Préambules
A l’époque où j’ai pris ma retraite en octobre 1960, j’ai souhaité que cette période de ma vie soit le temps de la réflexion.
Dégagé de bien des soucis matériels mais aussi de certaines responsabilités familiales et sociales, il m’a paru intéressant de revivre les souvenirs de notre existence afin d’en tirer une conclusion concernant le sens de notre vie et la façon dont Louise et moi avions su en réaliser "une raison d’être".
Une pensée de Gide inspirant mon esprit.
"Il ne suffit pas d’être ou d’avoir été, ce qui convient c’est de léguer pour faire vivre le passé".
Le temps des réflexions que j’avais la chance et le bonheur de connaître, donnant à mon esprit toutes possibilités de se pencher sur le mystère que peut représenter une existence. Il me semblait que pour arriver à une conclusion valable il convenait de s’attacher à un présent pour un avenir.
Chaque génération me paraissait responsable de la vie qu’elle transmettait. Vie que nos ancêtre avaient marquée de certaines responsabilités, de certaines joies, de certaines tristesses, d’une expérience qui constituait un passé établissant à travers les siècles "L’histoire d’une famille".
Cette préoccupation a été celle de cette période de ma vie et j’ai pensé devoir écrire cette histoire par des documents concernant les origines connues de certains ancêtres et d’en révéler l’existence.
Ces documents m’avaient été remis par mon Père, et je suis heureux de les livrer à mon tour à la curiosité de mes descendants pensant qu’ils pourront ainsi satisfaire bien des esprits curieux.
Des événements que j’ai pu connaître ; de certaines générations avec lesquelles j’ai vécu, concernant des traits de caractère de certains ancêtres et constituant des souvenirs vécus pourront peut être justifier certaines lois de l’hérédité et établir des traits d’atavisme entre générations. Et apporter un intérêt et des réflexions susceptibles de relier un passé à un présent.
J’ai écrit ces lignes en partie à St Raphaël qui fut le lieu de notre retraite que Louise et moi avions choisi dans une pinède, d’où nous apercevions le golfe de Fréjus et de St Aygulf, où a été construit le "Maslou" dont le charme ne nous a jamais déçu.
Nous aimions passer chaque année 6 mois, d’un printemps et d’un automne accueillant auprès d’une nature généreuse suscitant tant de réflexions et d’exemples permettant d’apprécier des richesses naturelles et morales qu’elles apporteront à l’homme et qui sent qu’il est difficile de se séparer de la vie…
Les autres six mois d’automne et d’hiver nous attiraient à Fecamp, rue de la Barricade où 25 années y avaient abrité notre vie de famille ou certains de nos enfants y vécurent des souvenirs d’enfance et qui restera la "maison de famille".
Nous y retrouvions chaque année nos trois ménages et y vécurent des événements familiaux (fête de Noël, fête de la St Louis, cinquantenaire de mariage) et qui furent des souvenirs heureux et exceptionnels.
Elle était la gardienne de l’esprit de famille que nous cherchions à inculquer à nos enfants et à nos petits enfants et restera le témoin silencieux d’une partie de la vie de trois générations qu’elle aura abritées.
C’est donc à St Raphaël et Fécamp que mon esprit a fait appel à des souvenirs et connu bien des réflexions, pour inscrire le passage d’une génération qui a son tour transmettra le flambeau à une autre et laissera les traces d’une existence qui fera revivre le passé.
Ici commence l’histoire de l’origine des premiers ancêtres connus de la famille Lagarde que des documents nous révèlent, ainsi que des familles qui s’y sont attachées au cours des générations.
Elle commence comme un conte de fée
Il était une fois…
Cela se passait en 1735 et semble être la source qui nous a permis de connaître les premiers éléments de l’histoire qui va être contée :
Le 6 janvier 1760 le mariage d’Antoine Lagarde présumé né entre 1735 et 1740 [en fait avant 1730] a été célébré dans la paroisse de St Christoly (Gironde) avec Jeanne Calmete présumée née en 1740/1745.
Antoine Lagarde était maître charron et exerça son métier à Bordeaux.
Aucun renseignement particulier ne nous apporte d’autre détails sur la vie de ces ancêtres sinon que le 1er mars 1766 est né de ce mariage Louis Lagarde baptisé à la paroisse St André à Bordeaux ( registre CG 115 acte 445) [en fait il s’agit du GG 115-acte 1445].
Louis Lagarde s’est marié le 30 Floréal An 8 [soit le 20 mai 1800] avec Anne Beauger (Registre E23 acte 128) [en fait il s’agit du 2E23-acte 118].
Cette acte indique qu’Anne Beauger était née le 22 mai 1968 dans la commune de Ste Foy (Gironde).
Aucun autre renseignement particulier sur ce ménage.
Il existe seulement un certificat attestant que Louis Lagarde a été sergent à la 5ème Cie auxiliaire de la 68ème demi-brigade de l’armée de Rhin et Mozelle le 8 septembre 1791, a été blessé à l’affaire de Kel le 2ème jour complémentaire an 4 (18 septembre 1796) et fait prisonnier par les anglais.
Ce certificat a été fait à Phalsbourg le 11 Ventose de l’an V (1er mars 1797).
Louis Lagarde a exercé le métier de maître serrurier à Bordeaux.
De ce mariage est né Antoine Lagarde en 1807 [en fait le 7 mars 1809] à Bordeaux.
Antoine Lagarde a épousé vers 1854 Delphine Seguin née en 1833 [en fait le 26 mars 1828].
De ce mariage [voir la naissance de Clodomir] est né Clodomir Lagarde le 8 octobre 1856.
Antoine Lagarde a été compagnon serrurier et tel a fait son tour de France dans le compagnonnage de l’époque. Il a exercé le métier de maître serrurier à Bordeaux.
Antoine et Delphine Lagarde étaient mes "grand-parents".
Antoine Lagarde est mort à Talence en 1901 [7 avril] et Delphine Lagarde est morte à La Rochelle en 1929 [en fait le 27 février 1924].
Je les ai donc connus et pourrait apporter ultérieurement certains renseignements sur leur vie et leurs caractères.
Delphine Lagarde avait eu une fille d’un premier mariage, Louisa qui épousa à Bordeaux C.Larrieu [en fait Jacques Larrieu] entrepreneur de plâtrerie. Ils eurent 4 fils Jules, Fernand, Louis et Pierre qui étaient mes cousins germains et habitèrent Jules à Bordeaux, Fernand à Biarritz, Louis à Madagascar et Pierre à Paris.
Famille Clodomir Lagarde – Marie Saviton
Clodomir Lagarde fils d’Antoine et de Delphine est né à Bordeaux le 8 octobre 1856, est mon Père
Marie Saviton est née le 2 Février 1863 à St Martin de Hinx (Landes), est ma mère, morte en 1952 [10 janvier 1952]
Ils étaient mes parents.
De ce mariage naquirent 5 enfants
- Claire née en 1885 morte en 1962 [1966]
- Louise née en 1886 morte en 1889
- Fernand [Ignace] né en 1887 mort en 1966 [1963?]
- Louis né en 1892 le 19 janvier
- Jeanne née en 1893 31 janvier décédée en 19 ?
Les enfants sont nés à Talence dans la propriété Danguilhem (chemin Danguilhem) ou mon père était employé depuis l’âge de 14 ans jusqu’en 1892, soit pendant 22 ans. A cette date et après la mort de monsieur Danguilhem négociant de morue à Bordeaux. A cette date et après la mort de Monsieur Danguilhem négociant de morue à Bordeaux, il s’est associé avec Mrs Hieret et Ayaïs autres collaborateurs de la maison Danguilhem pour exercer 3 rue de la Roussette à Bordeaux la profession de négociant en morues jusqu’en 1904. A cette date il s’est associé à mm Canac Bouteloup avec Mr Ayaïs pour aller diriger à La Rochelle la maison C.Lagarde et Cie jusqu’en 1925.
De 1892 à 1902 nous habitâmes chemin la Taillade à Talence (Gironde), de 1902 à 1904, cours Gambetta à Talence.
De 1904 à 1925 mes parents habitèrent 35 quai Maubec à La Rochelle.
Clodomir Lagarde se retira des affaires en 1925 à Bordeaux et y décéda en 1938 [le 24 août 1938, 97 Bd Georges V, au 1er étage, à Talence].
Claire Lagarde épousa en 1919 à La Rochelle Joseph Roussille.
Ils eurent deux enfants : Henri et Lucette
Et vécurent à La Rochelle, à Bordeaux et à Tonnay-Charente.
Fernand Lagarde épousa en 191? Blanche Maréchal à La Rochelle où ils vécurent jusque vers 1955 et se retirèrent en Charente.
Ils eurent trois enfants : Georges, Roger et Pierre.
Louis Lagarde épousa à Malo-les-Bains Louise Duchastelle le 6 décembre 1920. Ils eurent 3 enfants :
- Jean-Louis né à Fécamp [le 7.11.1921]
- Antoine né à La Rochelle [le 1.10.1925]
- Louis né à La Rochelle [le 1929]
Et vécurent à Fécamp et La Rochelle, et de 1936 à leur mort à Fécamp et St Raphaël.
Jeanne Lagarde ne s’est pas mariée.
Elle a vécu à La Rochelle, Bordeaux, Tonnay-Charente où elle fut pendant trente ans directrice d’un établissement de la Croix Rouge. En 1964 elle prit sa retraite et se retira dans sa maison de Tonnay-Charente.
Famille Louis Lagarde – Louise Duchastelle
Louis Lagarde né à Talence (Gironde) le 19/1/1892.
Louise Duchastelle née à Malo-les-Bains (Nord) le 31/1/1893.
De ce mariage naquirent :
- Jean-Louis né le 21.11.1921 à Fécamp.
- Antoine né le 1.10.1925 à La Rochelle.
- Louis Fd [Fernand, mais jamais utilisé] né le 7 août 1929 à La Rochelle.
Le ménage vécut :
De 1921 à 1925 à Fécamp où Louis Lagarde fut pendant 3 ans directeur des Etablissements Jérome Malandain ( armateur et négociant en morues) et 2 ans comme directeur de la Sté Fécampoise de Pêche qu’il fonda (en 1924 ) avec la Cie Charles Le Borgne, armateur à Paris.
En raison de son état de santé il dût abandonner Fécamp et exerça de 1925 à 1936 le négoce de la morue dans la maison C.Lagarde & Jeune de 1925 à 1936 et fonda la Sepoa et en 1936 fut gérant statutaire de la Sepoa à La Rochelle.
En 1936 la Sepoa décida de transporter son siège social à Fécamp, 1 rue de la Barricade et jusqu’au 1er octobre 1960 il fut gérant et président directeur général de la Sepoa, 1 rue Barricade, Fécamp.
Lorsqu’il prit sa retraite en 1960 il confia la direction de la Sepoa à son fils aîné Jean-Louis Lagarde.
En 1960 Louis Lagarde et Louise Lagarde achetèrent une petite propriété à St Raphaël où ils désiraient passer une partie de leur retraite. Il resta administrateur des sociétés qu’il avait fondé : La Sepoa, SNPN, Copim (morues), la SAF (armement à la pêche hauturière) et gérant de la Copim, titres et fonctions qu’il conserva jusqu’en 1980.
Jean-Louis après des études à Fénelon à La Rochelle, au collège de Fécamp et à l’école de commerce de Rouen (études arrêtées par la guerre jusqu’en 1945), n’eut qu’un petit passage à la Sepoa et dut pendant 4 ans exercer d’autres emplois et notamment à la maison Derome à Bavay-59 (Nord).
La Sepoa ayant repris ses activités après la guerre (1945). Jean-Louis y retrouva une activité et fonda avec Louis Lagarde [son père] la StéCopim dont il fut et est toujours l’un des 2 gérants.
Il épousa en janvier 1945 à Paris Anne-Marie Antonucci et en dehors de la Sepoa, de la gérance de la Copim, prit en 1950 la Direction de la Sté Nouvelle des Pêcheries de Normandie et en 1958 la direction avec Ph. Lemestre de la SAF. En 1960 il prit la direction générale de la SEPOA et de la SNPN, garda la gérance de la COPIM et en 1962 la direction générale de la SAF qui sont ses activités actuelles (1971)
Jean-Louis et Anne-Marie eurent 6 enfants :
- Eric mort quelques jours après sa naissance
- Jean-Marie né en 1948 [5 octobre à Paris]
- Marie-Christine née en 1952
- Jean-Denis né en 1954
- Jean-Christophe né en 1958
- Marie-Elisabeth (Babette) née en 1964
Antoine Lagarde fit ses premières études à Fénelon à La Rochelle puis au Collège de Fécamp et entra au collège St François des jésuites à Evreux en 1938 en 4ème, en obtint ses bacs en 1942 et 1943.
Il entra à la Faculté de Médecine de Paris en 1943 et termina ses études de médecine en 1950, et sorti "externe des hôpitaux de Paris".
Il épousa en 1953 Denise Gavrel à Ferrières (Seine-Maritime) et s’installa la même année, Docteur en médecine rue Louis Blanc au Havre.
De ce mariage naquirent :
- François né en 1954 [le 30 juillet à Ste Adresse-76].
- Valérie née en 1955 [le 27 août à Ste Adresse-76].
- Louis-Wandrille né en 1958 [le 5 mai à Ste Adresse-76].
- Nathalie née en 1960 [le 13 février à Ste Adresse-76].
- Marie née en 1962 [le 28 octobre au Havre-76]
Antoine acheta une maison 15 rue Marie-Talbot en 1957 qui devint son domicile particulier et garda son cabinet médical rue Louis Blanc. Il fit construire en 1971 un cabinet médical avec deux autres médecins à proximité de la rue Louis Blanc [17 rue Jules Verne].
Louis-Fernand
Louis-Fernand naquit le 7 avril 1929 à La Rochelle.
Il fit ses premières études à l’école Fénelon à La Rochelle et en 1936 les continua au collège de Fécamp et entra en 5ème au collège St François des jésuites à Evreux jusqu’en 1944. Le collège ayant été fermé à cette époque il continua ses études au collège Franklin à Paris où il obtint son bac de première. Il finit ses études en 1945 au collège de Fécamp où il eut son bac de philosophie.
A Paris, il suivit les cours des arts décoratifs et devint le collaborateur d’un antiquaire profession pour laquelle il semblait avoir quelques dispositions.
Il épousa en 1954 à Paris Nicole Vieillard et s’installa antiquaire à Paris avenue Poincaré pendant deux ans.
Il abandonna ce métier et entra à la Sepoa comme attaché à la direction et devint directeur adjoint de cette société en 1960 et occupe les mêmes fonctions en même temps que celle d’administrateur de la SAF.
De ce ménage Louis Nicole naquirent 5 enfants :
- Isabelle née en 1955.
- Etienne né en 1958.
- Xavier né en 1959.
- Anne née en 1961 décédée en 1962.
- Paul né en 1964.
Tout ce qui précède a été écrit en 1962/63/64/68/71 et concerne la famille Louis Lagarde-Louise Duchastelle et les familles antérieures.
Filiation Duchastelle
Peu de renseignements sur la branche Duchastelle . Seulement des témoignages justifiant les faits indiqués et que des recherches pourraient confirmer.
Du côté paternel, Arsène Duchastelle Louise se souvient que son grand-père paternel était entrepreneur de déchargement de navire à Dunkerque. Elle pense qu’il était né à Dunkerque vers 1822/1825 et avait épousé en première noces une Calaisienne.
De ce premier mariage naquirent 4 enfants : Edmond, Henri, Louise, Arsène père de Louise.
Arsène naquit en 1858 à Dunkerque, perdit sa mère à 7 (18) ans. Son père se remaria avec une demoiselle Turpin?. Ils eurent deux enfants : Charles, Bernard.
Arsène Duchastelle obtint son brevet de mécanicien de 2ème [1ère] classe de la marine marchande et entra aux Ponts et chaussées du port de Dunkerque où il fit sa carrière jusqu’à sa retraite en 1912.
Arsène Duchastelle épousa vers 1883 Lucie Secq de Warmouth (Nord). Lucie Secq était née à Warmouth (Nord) vers 1864.
Le ménage eu trois filles :
- Lucienne née en 1885 et mariée à Paul Delmotte.
- Adeline née en 1887 et mariée à Germain Benoit , industriel à Amiens.
- Louise née en 1893 et mariée à Louis Lagarde.
En 1899 les époux Duchastelle achetèrent une librairie papeterie rue St Jean à Dunkerque que tint Lucie Duchastelle aidée par Lucienne en 1912 et par ses deux autres filles par la suite.
Arsène Duchastelle prit sa retraite en 1912 et s’occupa à partir de cette date de la librairie qui avait prit une certaine extension.
La guerre de 1914/18 les obligea en 1917 à quitter Dunkerque et à se réfugier à Chatelaillon (Charente Maritime). Où ils connurent la famille Clodomir Lagarde.
Ils revinrent à Dunkerque en 1919, cédèrent la librairie et achetèrent la villa Neptune à Malo-les-Bains où ils vécurent leur retraite.
La villa de Malo fût détruite en 1940 par les bombardements allemands.
Arsène Duchastelle décéda à Nice en 1935
Lucie Duchastelle vécue chez ses enfants à Paris, Amiens et Fécamp et mourut à Fécamp rue Théagène Bouffart en 1951 (23 septembre 1951).
Arsène et Lucie Duchastelle sont enterrés dans un caveau au cimetière d’Amiens (Somme).
Louise Duchastelle n’a pas connu ses grands-parents paternels mais se souvient de sa grand mère maternelle, mémé Secq, qui mourut quand elle avait 7 ans, et de son grand-père, pépé Secq, qui mourut en 1952 à l’âge de 86 ans à Malo-les-Bains.
Il exerça la profession de brasseur (bière).
Ce sont les seuls témoignages justifiant l’existence des ancêtres de Louise.
Nous nous permettons d’ajouter à ces lignes quelques renseignements sur les ancêtres de Louise qu’elle a connus et de rappeler certains souvenirs de Louise sur ses parents et grand-parents qui permettront de mieux situer dans l’esprit des lecteurs les descendants de cette filiation et de leur attribuer ainsi une image plus vivante pour des traits de leur caractère et ainsi apporter certaines connaissances plus intimes et personnelles.
"Maslou" St Raphaël. Automne 1968
Relisant les lignes que j’ai écrites il y a plusieurs années, je pense avoir indiqué les renseignements justifiant les premières origines et les filiations de la famille Lagarde déterminant ainsi les bases fondamentales qui devront être complétées par les générations qui se succéderont.
Je voudrais maintenant rendre ces lignes plus vivantes en estampant les portraits et les traits de caractère de certains ancêtres que j’ai connus afin de les rendre plus familiers aux générations qui liront ces lignes afin de les aider à retrouver des analogies avec leur propre caractère mais surtout les interpréter et comprendre à travers les époques vécues, les mœurs, les goûts, les mentalités, l’évolution des générations qui se sont succédées caractérisant ainsi des civilisations qui ont pu exister et situer ainsi des temps révolus.
Pour commencer je citerai les ancêtres que j’ai pu connaître et qui sont mes grand-parents et mes parents, mes beaux-parents, mes sœurs et mon frère pour en arriver aux générations présentes.
J’avais huit ans quand mon grand-père est mort [7 avril 1901 à Talence], je n’ai guère conservé de lui des souvenirs frappants d’autant que son âge (nonagénaire) personnifiait la vieillesse et quoiqu’en excellent état de santé, il vivait une vie végétative et n’offrait plus que l’aspect d’un homme réalisant une belle fin de vie.
Il était de taille moyenne avec les yeux bleus, portant une moustache et une chevelure blanche donnant à ses traits une impression de douceur et de tranquillité.
Il avait eu une vie active n’ayant guère pu réaliser d’économies, il n’avait pu qu’accepter de passer sa vieillesse auprès de mes parents qui depuis plusieurs années en raison de leur grand-âge avaient accueilli mes grands-parents dans leur foyer. J’ai peu de souvenirs de sa vie, parlant peu il se renfermait dans ses souvenirs. Il conserva jusqu’à sa mort, à l’âge de 93 ans [1809-1901] une vitalité remarquable et s’éteignit doucement. Je n’ai recueilli par mon père aucun souvenir particulier de sa vie qui fut simple et laborieuse, ayant fait dans son jeune âge son "tour de France" comme compagnon serrurier. Il appartenait au corps des sapeurs pompiers (à titre bénévole) de la ville de Bordeaux et ce en raison de son métier. Il y avait acquis une décoration pour plusieurs sauvetages dans différents incendies. Il m’a laissé le souvenir d’un homme bon, affable. Il était d’idées royalistes qu’il défendait farouchement.
Il en est différemment de ma grand-mère que j’ai connu près de 25 ans [de 1892 à 1924].
Elle était de petite taille, avait un visage agréable, était brune, avait de grands yeux noirs dont l’éclat s’était progressivement affaibli car à l’âge de 70 ans elle fût atteinte de cécité.
J’ai gardé le souvenir d’une femme aimable, gaie, coquette, cherchant à plaire, ayant acquis une certaine personnalité au contact des personnes qu’elle avait fréquentées dans la vie et plus particulièrement par son métier. Elle était costumière au grand théâtre de Bordeaux et ses relations avec le monde théâtral ont pu avoir d’heureuses influences sur son esprit car elle était fine et intelligente et les spectacles auxquels elle a souvent assisté n’ont pas été étranger à son éducation.
Elle était enjouée, acceptait la taquinerie que pratiquait son entourage. Son infirmité (cécité) n’avait pas eu d’influence sur son caractère qui jusqu’à sa mort a été celui d’une femme qui aimait la vie, recherchant le contact humain qui était le seul qui à cette époque lui apportait une joie de vivre.
Elle était très coquette et savait s’habiller, elle aimait raconter sa vie, avait une profonde affection pour son mari et leur ménage n’avait pas connu d’histoires. Elle aimait profondément son fils, dont nous admirions le respect, avait cependant certaines préférences pour Fernand et pour Jane et n’avais je que rarement droit aux friandises qu’elle aimait distribuer entre autres raisons, il paraît qu’elle prétendait que j’étais plus "Saviton" que Lagarde et cela pouvait être l’explication d’une belle mère que d’une grand mère mais ceci n’a pas duré. J’ai gardé d’elle le souvenir d’une femme ayant une certaine dignité par une distinction naturelle qui malgré des origines modestes avait pu s’élever et acquérir un certain charme. La vie semblait l’avoir rendue heureuse et elle m’a laissé le souvenir d’une aïeule pleine de gentillesse et d’une image agréable que l’on ne peut oublier.
Elle prétendait que le cœur ne vieillissait jamais, et que les souvenirs heureux de sa vie étaient les meilleurs compagnons de sa vieillesse.
Elle est morte à 96 ans, sans maladie, doucement comme son mari, comme une lampe qui s’éteint.
Il est regrettable que nous possédions si peu de détails caractérisant la vie active de nos trois premières générations, qui dans le concept de l’époque se situent dans le rang social de l’artisan qui était déjà un échelon difficile à franchir.
Il est probable que ces premiers ancêtres n’appartenaient pas à une classe aisée, mais plutôt laborieuse. A cette époque la misère était grande et les richesses mal partagées. Une grande partie du peuple vivait de peu de ressources.
On peut imaginer que nos premiers ancêtres avaient appartenus au monde rural dont ils avaient essayés de s’affranchir et le fait que ces trois générations avaient acquis le rang d’artisan prouve qu’elles avaient en elles certaines qualités leur permettant de rechercher une forme d’indépendance que leur courage, le sens du travail et de l’économie semblaient justifier. Pour eux c’était une première étape à franchir et d’autant mieux appréciée qu’au titre de leur profession il était habituel de le faire précéder par le mot "maître" qui était une élévation dans le rang social de l’époque et leur permettait d’utiliser des ouvriers et de former des apprentis.
Je pense donc que ces premières observations sont? en faveur de ces ancêtres et ont (permis)? à d’autres générations qui ont suivi, de franchir un nouveau rang social que les titres de? commerçants et d’industriels semblent eux aussi justifiés ainsi que ceux de professions libérales.
Les trois générations qui ont succédé aux précédentes dont nous venons d’écrire les promotions? obtenues, ont pu exercer pendant plus de 85 ans le commerce et l’industrie de la pêche indiquant que les qualités transmises de travail et d’intelligence appuyés par des moyens matériels acquis, avaient obtenus leur nouvelle indépendance et franchi une nouvelle étape.
Ceci pouvant justifier la reconnaissance que les générations qui se succéderont devront apprécier pour avoir à l’égard de celles qui les ont précédés un sentiment de fierté et d’ambition vers une élévation nouvelle dans le rang social justifiant la pensée de Gide.
"Il importe peu d’être ou d’avoir été, ce qui convient c’est de léguer pour faire vivre un passé".
St Raphaël, automne 1968
Histoire de la famille Lagarde
Suite écrite en 1983 et 1984
Avant d’ouvrir le chapitre de souvenirs concernant mes parents (Clodomir et Marie Lagarde) et esquisser certains traits de leur caractère afin de les rendre plus vivants à ceux qui liront un jour ces lignes, j’éprouve une immense reconnaissance à leur égard et désire par ces quelques lignes rendre hommage aux sacrifices qu’ils se sont imposés pour créer un foyer qui a marqué notre enfance et ce n’est qu’à certaines heures de ma vie et devant certaines réalités que j’ai connues, que j’ai pu comprendre et apprécier la valeur de leurs sacrifices.
La jeunesse ne peut guère les comprendre tant qu’elle ne s’est pas heurté à certaines difficultés de la vie, car ce n’est que par connaissance et comparaison que la vie se révèle à nous.
Il est possible que notre première éducation nous marque dont certains d’entre nous peuvent s’estimer victimes.
Je n’ai jamais éprouvé ce sentiment. Certes bien des préjugés semblent choquants mais il convient de penser qu’ils appartiennent plus à des principes, d’une époque révolue, qu’à une valeur éducative, qui ont pu m’étonner mais ont se sont effacés dans mon esprit à l’usage du temps, des ? ? ? et des mutations que peuvent ? ? ? une civilisation en évolution qui différencie les générations entre elles.
A l’exception de ces principes dus à des conditions qui tenaient à différencier les classes sociales plus qu’à des raisons de l’esprit et du cœur (donc à une valeur éducative) je peux affirmer que l’éducation reçue a eu pour moi plus d’apport que de regrets, et je ne pense pas avoir éprouvé dans le cours de ma vie plus de déceptions que de satisfactions car l’éducation reçue, dans son ensemble m’a été utile et c’est à cause d’elle qu’à mon âge j’éprouve une certaine fierté d’avoir pu donner par mes attitudes, mes gestes et mes pensées un cachet de "Vieille France" qui n’avait pas à rougir de son passé.
Nous avons trouvé, mes frères et sœur, dans le foyer que mes parents nous ont permis de connaître, sensibilité, bonté, compréhension, et surtout indulgence dont la jeunesse a besoin pour s’exprimer et pour s’épanouir, et c’est dans ce foyer calme, serein et heureux, non sans soucis, difficultés matérielles, que je comprend mieux aujourd’hui la foi et l’espérance de mes parents dans la vie, certaines richesses d’esprit et de cœur que nous y avons acquises en même temps qu’une joie de vivre qui nous ont aidé dans la vie.
D’origine modeste, mais non sans ambition, c’est grâce à ces désirs profonds que nous avons acquis les qualités morales et une éducation du cœur qui nous ont permis de comprendre les besoins et les nécessités d’une noble ambition qu’ils ont su sagement nous inspirer, qui ont été les souvenirs d’une jeunesse privilégiée et ont toujours été des compagnons heureux de ma vie qu’ils ont souvent inspirés.
Un de mes plus grand regrets est de n’avoir pu satisfaire en toutes circonstances cette ambition et plus particulièrement dans ma jeunesse et mon adolescence. Puis-je au moins en avoir satisfaite au moins une, celle d’avoir acquis un esprit de famille auquel mes parents était attachés qui m’a permis d’en transmettre la valeur et les qualités à d’autres générations et faire vivre ainsi le passé.
Grâce à eux j’ai connu le sens de l’esprit de famille qui m’a aidé à franchir une nouvelle étape sociale.
Mais ce dont je leur suis le plus reconnaissant c’est de m’avoir permis de comprendre et d’acquérir le sens moral de la vie et d’y avoir attaché une certaine dignité humaine qui me paraît avoir été une élévation souhaitable.
Je leur dois à tous les deux et à des titre différents un esprit de méthode, de travail, de discipline morale et une volonté de réussite qui m’ont aidé à l’accomplissement d’une vie et qui ont été des éléments nécessaires au choix et à la construction d’un bonheur que je leur dois en partie, souhaitant que ces lignes soient le témoignage de ma reconnaissance à une heure où je peux mieux en comprendre tout le mérite en y apportant la valeur de toute la sincérité d’une affection reconnaissante.
Evoquant des souvenirs restés fidèles à mon esprit, et après avoir relu les pages qui précèdent où je pense avoir établi les origines de la famille, aujourd’hui je voudrais faire une liaison entre des dates et des personnages et apporter le portrait de certains membres de cette famille qui se poursuit à travers les âges et en décrire certains traits de caractère qui les rendront plus vivants à l'esprit de leurs descendants.
C’est donc le portrait de ceux que j’ai connus que je vais essayer de décrire.
Mon père (Clodomir Lagarde)
Il était de taille moyenne, 1m65, assez corpulent, teint basané, yeux bruns, regard malicieux, cheveux noirs, type méridional, esprit jovial. Physiquement il appartenait au type gascon que caractérisaient une barbiche et une moustache à la mousquetaire.
Tempérament vif actif, caractère noble et généreux, aimant le panache.
D’un abord agréable, d’aspect sympathique au premier abord, aimable, sociable recherchant le contact humain, sachant se faire aimer. Bon et charitable, sensible aux détresse des autres.
Tempérament dynamique, savait entraîner les hommes et apporter une chaleur humaine dans ses rapports. Caractère loyal et fidèle à l’amitié.
Dans son foyer savait inspirer la confiance, l’affection grâce à un caractère facile et conciliant.
Ayant été instruit par les frères des écoles chrétiennes, qui à l’âge de 14/15 ans l’avait placé dans la Maison Danguilhem & Cie, négociant de morues important à Bordeaux (Talence) où il avait par son intelligence, son activité et son application au travail pu acquérir la confiance et l’estime de son chef au service duquel il resta plus de 20 ans.
La mort de Monsieur Danguilhem l’obligea à reprendre son indépendance pour s’installer en 1892 comme négociant en morues à Bordeaux, 3, rue de la Roussette?, où associé à Messieurs Hieret et Ayaïs, fondèrent la maison Hieret & Cie.
En 1904, la maison Hieret s’est associée avec les maisons Canac et Bouteloup Pour fonder à la Rochelle la maison Lagarde & Cie, pour exploiter un commerce de morues à La Rochelle. Mon père dirigea cette affaire jusqu’en 1925, époque à laquelle il se retira des affaires à Talence puis à Bordeaux.
Il avait acquis dans la corporation des négociants en morues de Bordeaux la réputation d’un homme actif et d’un confrère aimable et de qualité.
Sur le plan familial, il est resté pour moi un père compréhensif. Bon, peut-être pas assez sévère mais sa nature faite de générosité et de confiance l’empêchait d’être trop rigoureux.
Ayant été élevé par les frères des écoles chrétiennes il en avait gardé certains principes d’éducation et des sentiments religieux et une foi chrétienne. Il était catholique mais des idées politiques avaient influencé ses convictions premières, qui sans supprimer leur caractère moral avaient atténué certaines obligations de pratique religieuse.
Son sport favori était la bicyclette qu’il sut me faire partager. Il aimait le rugby et assistait aux matchs qui avaient lieu au stade Rochelais certains dimanches.
C’est un souvenir d’une grande tendresse que je suis heureux de lui conserver et qui le rend si cher aujourd’hui en évoquant son souvenir.
Son rôle a été de créer une affaire ? où il a apporté à une trentaine d’ouvriers certaines ressources de travail et de vie pendant de longues années et d’avoir franchi une nouvelle étape sociale en passant de la classe artisanale qui était celle de ses ancêtres à la classe de la petite bourgeoisie, ce qui à cette époque pouvait être considéré comme un échelon important.
Ma mère, Marie Lagarde [née Saviton]
Elle était de petite taille, 1m50, d’un certain embonpoint qui ne l’empêchait pas d’être très vive et très active.
Elle avait un caractère gai, d’aspect agréable, mais méfiante. Elle aimait son foyer et s’y consacrait avec aisance et autorité.
Sa jeunesse avait été très difficile et douloureuse et privée d’affection familiale, ayant été orpheline à 5 ans de père et de mère, élevée par une grand-mère jusqu’à 7 ans, elle fût confiée à un orphelinat de religieuses jusqu’à sa majorité. Elle n’a jamais eu le bonheur de connaître un foyer.
Nous ne faisions jamais allusion à ce passé pour lui en éviter les regrets, lui reportant une affection particulière pour effacer sa douleur personnelle.
Elle fonda donc vers 22 ans son foyer qui fût le but de sa vie avec Clodomir Lagarde qu’elle a profondément aimé et a su lui apporter les qualités de cœur et d’esprit qu’elle avait.
Elle aimait faire la cuisine et la réussissait pour en garder d’excellents souvenirs et son foyer fût son horizon, auquel elle sut se consacrer car elle sut lui apporter un esprit particulièrement familial.
Elle fût donc une épouse et une mère remarquable sachant créer une ambiance agréable mais aussi utile à tous les besoins que ce foyer exigeait.
Elle avait méthode, ordre et ne tolérait ni la paresse, ni le mensonge et exigeait de nous des qualités de cœur et de charité. Elle avait un caractère franc et était sincère dans ses affections et ses amitiés sachant inspirer la justice.
J’étais certainement l’enfant le plus difficile des 5 et je sais l’influence qu’elle a eu sur moi par plus de patience et de fermeté que d’autorité rigoureuse.
Elle n’avait pas de préférence mais recherchait à nous donner une certaine éducation qui nous a été utile.
Je conserve d’elle un heureux souvenir et une certaine reconnaissance pour avoir su me comprendre malgré des caractères qui souvent s’opposaient surtout pendant l’adolescence.
Elle eut sa part de péripéties mais su les accepter car nous étions 5 enfants et de caractères différents. Je ne peux donc que lui garder une affection profonde.
Elle eut le grand mérite d’accepter dans son foyer et pendant de longues années la vieillesse de mes grands-parents, à préserver? à l’âge où mon grand-père est mort à 93 ans et ma grand-mère 96 ans démontre la patience et l’affection qu’elle a su leur apporter.
Elle vécue elle-même jusqu’à 90 ans, partageant sa vie avec Jeanne qui était célibataire et qui l’aimait beaucoup, et a fini dans le calme et la paix d’une vie qu’elle a su mériter.
De mes trois fils, je me permets d’en écrire les impressions que j’en ai gardé et qu’ils m’ont inspiré.
Jean-Louis
Esprit vif. Intelligence surtout intuitive qui lui permettait de s’assimiler bien des problèmes et de s’adapter à des circonstances ou des événements parfois difficiles.
Très actif et travailleur, mais parfois impulsif pour ne pas prendre toujours le temps de la réflexion pour éviter des jugements hâtifs.
Pas toujours très libéral, n'ayant surtout confiance qu'en lui il rendait parfois la collaboration difficile.
Chef certain, homme de terrain, plus qu'administratif, aimait la lutte et la discussion et ne s'inclinait pas facilement. Très obstiné.
Avait le sens de l'autorité et des responsabilités à prendre.
Ambitieux certain, mais nature très généreuse. Social occasionnellement mais bon. Caractère jovial, affable, ouvert, accueillant mais parfois très réservé suivant le flair ressenti. Car une de ses qualités était d'avoir du flair !!!
Amour propre chatouilleux, méfiant et très exclusif parfois intransigeant.
C'était un mélange de finasserie Normande, d'entêtement flamand et d'hablerie gasconne.
En définitive de belles qualités mais parfois de regrettables petits défauts par manque de mesure et de discipline à savoir s'imposer à lui-même. Une très grande liberté de jugement.
A acquis au cours de sa vie une certaine personnalité et une certaine notoriété comme armateur et négociant et a su mériter des titres et des fonctions assez élevées ? avoir eu le "Mérite Maritime" qu'il a su très certainement mériter.
En définitive de grandes qualités mais des défauts qu'il aurait pu éviter par plus de charité à l'égard des autres.
A laissé un souvenir heureux dans le monde maritime et dans sa famille. Très chrétien et pratiquant.
Antoine
Intelligence supérieure, équilibrée et réfléchie. Sens du devoir et des responsabilités professionnelles. Chaleur humaine inspirée par un sens moral et motivée par une foi chrétienne.
Esprit cultivé ouvert aux autres aimable et généreux, libéral et social, qui lui ont permis tant sur le plan médical que politique de connaître des satisfactions qu'il a su mériter.
Une certaine distinction personnelle. Allure plutôt sportive, de taille grande, 1m78, ne manquait pas d'allure physique et avait un charme d'accueil qui le rendait sympathique aux premiers contacts.
D'éducation et d'instruction chrétienne qu'il avait eues au contact des Jésuites à Evreux, a acquis de connaissances sérieuses qui lui ont permis d'acquérir des fonctions comme Président de la PEEP, qui était une organisation de Parents d'Elèves, et de faire preuve de qualités administratives qui lui ont permis d'avoir des titres et des décorations notamment conseiller municipal [au Havre], membre du Conseil Economique et Social à Paris, Conseiller Général du Havre, mais aussi d'obtenir la Légion d'Honneur. Officier du Mérite National, les Palmes Académiques mais aussi le Mérite Agricole (1984).
A été aussi externe des Hôpitaux de Paris pour devenir généraliste au havre où il fait une carrière utile.
A connu ainsi une vie très active pour en garder un souvenir heureux qu'un certain dynamisme a su servir.
Ne peut qu'éprouver? même à 67? ans où j'écris ces lignes une carrière bien justifiée.
Chrétien et pratiquant.
Louis
Intelligence plus axée vers les idées spirituelles que matérielles de la vie.
Dilettante certain.
Réfléchi, d'idées plus acquises aux arts et à l'histoire et aux choses anciennes, ayant un esprit d'une certaine finesse qui ne lui a pas permis d'être justifiée comme il aurait mérité de se manifester.
A défaut et en raison de circonstances obligatoires, n'a pas fait le métier de son choix qui était celui d'antiquaire que bien des dons et des goûts justifiaient et qui après l’avoir pratiqué pendant 2 ans a dû se rendre à d’autres évidences et pratiquer le commerce de l’industrie du poisson en prenant la direction des affaires commerciales qui avait été créée en 1892 par son grand-père et maintenu en activité par deux générations qui lui ont succédé.
Il avait un esprit plutôt artistique, cultivé et motivé par une sensibilité personnelle.
Etant parfois sévère dans ses jugements, mais d’esprit charitable, libéral et social ayant un sens moral parfois exagéré, acquis à une foi chrétienne et à d’autres disciplines, étant pratiquant sincère.
Caractère aimable d’une grande gentillesse et d’une distinction physique certaine, était compréhensif aux misères humaines. Esprit acquis à la religion et la pratiquant.
De taille élevée, 1m80, avait aussi une certaine éducation qui lui faisait partager des amitiés fidèles et qui lui a fourni de belles relations.
A réussi malgré tout sa vie qui plus spirituelle que matérielle a su en acquérir les satisfactions qu’il savait apprécier.
A réussi sa vie familiale qu’il a su organiser avec la collaboration de Nicole.
De mes trois belles filles dont j’ai gardé un souvenir inoubliable, j’éprouve le plaisir d’en écrire les raisons et sans les décrire en détail je ne veux résumer que les qualités qu’elles avaient chacune d’elle, leur laisser, leur charme personnel qui était différent, mais qui était de valeur physique mais surtout morale et que le cœur ne pouvait que suggérer.
Je résumerai donc l’impression générale qu’elles représentaient chacune personnellement et qui était différent mais qui émanaient de natures exceptionnelles pour écrire qu’elles avaient chacune leur charme et qui firent d’elles des épouses et des mères exceptionnelles en même temps que des maîtresses de maison mais aussi des éducatrices différentes mais surtout recherchant le côté éducatif pour avoir su apporter à la famille des qualités de cœur dont elles peuvent être fières.
Elles n’étaient pas des "belles filles" au sens ? du mot, mais plus véritablement des enfants filles qui manquaient au foyer pour lui apporter une harmonie qui lui faisait défaut.
Leurs qualités effaçaient leurs défauts et elles surent être pour nous affectueuses, attentionnées, compréhensives et plus particulièrement à l'âge de la vieillesse.
Pour garder d'elles un souvenir précieux mais aussi une grande reconnaissance. Pour mieux en garder une image bien particulière. Pour leur réserver l'affection profonde qu'elles méritaient et qu'elles savaient inspirer et chacune avec des qualités très personnelles.
De tailles différentes, brunes et blondes, chacune avait une distinction particulière et une personnalité mais un charme.
Leurs enfants leur doivent beaucoup et les foyers qu'elles ? ? avait la marques que savait leur donner "les fées du logis qu'elles savaient être".
Nous ne pouvons qu'avoir une certaine fierté de les avoir accueillies à notre foyer pour apprécier selon leur caractère ce qu'elles savaient offrir et qui étaient des qualités de cœur, de finesse, et de dignité pour être toutes exceptionnelles.
Malou [Louise, née Duchastelle, épouse de Louis Lagarde]
J'ai gardé cette place pour elle, pour clore ce chapitre qui concerne la branche "Louis Lagarde - Louise Duchastelle" avec le nom qui fût celui que ses petits enfants lui réservèrent et qui est resté dans toutes les mémoires qui l'ont connues et qui est devenu légendaire.
"Malou"
Née le 30 janvier 1893 à Malo les Bains, elle fit ses études en Belgique dans un pensionnat religieux pour passer son adolescence à Dunkerque près de ses parents.
C'est donc le 6 octobre [décembre] 1920 que fût fondé le foyer Louis-Louise Lagarde Duchastelle par leur mariage en l'église de Malo les Bains et en donner les raisons.
C'est en 1920 à Chatelaillon, petite plage à 12 km de La Rochelle que j'ai connu Louise au charme duquel je n'ai pu résister pour avoir le désir de faire d'elle la compagne de ma vie.
Les événements qui ont justifié cette heureuse inspiration sont dus à la guerre de 1914/18. Elle était au début de 1918 à Malo le Bains avec ses parents mais dans l'obligation de quitter Malo les Bains pour être évacuée dans le centre de la France et rien ne laissant supposer un rapprochement entre nos 2 familles, lorsqu'au printemps 1918 (la famille) Arsène et Lucie Duchastelle [parents de Louise] se réfugiant à Chatelaillon et occupant une villa voisine de celle de mes parents, et devinrent ainsi voisins et amis, pour y voir le doigt de la Providence et la remercier.
Nous nous sommes fiancés en 1920 pendant 6 mois, pour nous marier le 6 octobre [décembre] 1920 et fonder le foyer que constitue la branche Louis-Louise Duchastelle Lagarde.
Ce foyer compte aujourd'hui (8 novembre 1983) 39 membres vivants composés d'arrière grand-parents 2, de parents 6, de petits-enfants, d'arrière-petits-enfants (31), qui font partie de la famille Lagarde Duchastelle dont l'histoire est déjà écrite dans différents chapitres qui précèdent et qui s'allie à la dynastie Lagarde.
Qui était donc Malou l'âme de ce foyer Lagarde Duchastelle.
Jeune fille de 27 ans, "blond cendré", avec de ravissants yeux bleu, un sourire éclatant que deux fossettes bien placées rendaient plus attrayant et lui donnait une beauté "naturelle" faite de simplicité que lui apportait un charme personnel. Son visage était le reflet d'une âme sereine exprimant la bonté et la douceur justifiant une santé physique et morale dont elle avait le secret.
Le portrait que je joins à ces lignes [photo de malou en 1920] saura mieux exprimer que des mots l'éclat et le charme que sa beauté savait refléter.
Ce fût ainsi que le foyer s'installa en janvier 1921 à Fécamp où j'occupais la direction d'une affaire d'armement et de négoce de morues jusqu'en 1925, où nous passâmes 5 années douces et agréables, où nous fîmes relations et amitiés certaines. Jean-Louis y naquit le 7 novembre 1921.
Pour raison de santé personnelle et à la suite d'une pneumonie, le climat me fût défendu et nous dûmes retourner à La Rochelle m'associer à mon père et fonder la société Sepoa. Nous y restâmes jusqu'en 1936 où nous connûmes certaines péripéties pour transférer à Fécamp la Sepoa et nous y installer d'une façon définitive puisque la Normandie, après terre d'accueil, est devenue pour nous terre d'asile où nous finirons certainement nos jours et où nos enfants Jean-Louis, Antoine et Louis semblent faire souche en créant 3 foyers dont 2 à Fécamp et [1] au Havre.
Louise fût donc une mère et une épouse remarquable, de caractère gai et joyeux où elle fût fée du logis et grillon du foyer pour apporter l'amour qu'elle savait lui destiner par des qualités naturelles de cœur, de courage et de perspicacité.
Elle fût une maîtresse de maison courageuse et attentionnée et plus particulièrement être une éducatrice complète dont ses 3 fils ont été bénéficiaires, et qui lui doivent les personnalités qu'ils ont acquises et qui leur ont permis d'avoir des dignités dont ils purent être fiers et qui font de leurs foyers des exemples à citer.
En traçant ces lignes aujourd'hui 8 novembre 1983 j'éprouve un réel plaisir à évoquer ce passé justifiant la pensée de Gide qui prétend :
"qu'il importe peu d'être ou d'avoir été, mais que ce qui convient c'est de léguer pour faire vivre un passé".
En traçant ces lignes que la vieillesse me dicte je ne peux qu'être heureux de ce passé que Louise et moi avons connu pour en évoquer les souvenirs et qui viennent souvent nous rappeler ces époques que nous avons vécues ensemble pour nous aider à accepter la vieillesse qui est plus un état d'âme qu'un âge pour savoir en accepter les petites misères et penser que savoir vieillir est un art à rechercher.
Novembre 1983
Photos de Louise en 1920
Et Antoine (fils né en 1925)
Je livre ces cahiers désormais à la postérité. Ils relatent les origines de la Famille Lagarde et plus particulièrement de certaines filiations que j'ai connues et que j'ai désiré exprimer pour les rendre plus présents à l'esprit.
Elles nous permettent de remonter à 1735-1740 pour les rendre vivants et leur donner un intérêt certain.
Je laisse donc la place aux générations futures qui s'ajouteront, en leur laissant le soin d'y apporter leur propre filiation et de faire vivre aussi un passé et à en prolonger l'intérêt mais aussi allonger l'arbre généalogique de la branche Lagarde Duchastelle
Poésies
Je joins à ces cahiers des poésies écrites à l'époque de ma retraite 1960/1983 qui ont été inspirées en fonction des états d'âme et des dispositions personnelles sur différents sujets laissant à mon imagination d'en exprimer les impressions parfois romanesques ressenties mais aussi d'observations que la nature m'a inspirées, la philosophie de la vie, et qui m'ont paru avoir un caractère qui m'a touché ou ému et qui m'ont aussi charmé pour préférer la poésie à la prose. Sans prétention.
Fait à Fécamp
Le 8 novembre 1983
Histoire de 4 générations de la famille Lagarde (filiation Clodomir Lagarde et Duchastelle qui se sont succédées depuis 1892 à ce jour (8 juillet 1984) la continuent dans l'industrie du poisson notamment, de la morue et du hareng à Bordeaux, La Rochelle et Fécamp.
En 1892, trois employés depuis 20 années dans la Maison Danguilhem, négociant en morue à Bordeaux Talence et qui par suite de cessation d'activité de l'affaire Danguilhem, durent envisager une association et créèrent un négoce de morues 3 rue de la Rousselle à Bordeaux sous la raison sociale Hieret & Cie, en janvier 1892.
Il s'agissait de Messieurs Hieret, Ayaïs et Clodomir Lagarde qui eurent des rôles différents, dont Mr Hieret s'occupa de la comptabilité, Mr Ayaïs de la correspondance et la vente des produits fabriqués et Clodomir Lagarde de la partie industrielle (salage, séchage de la morue) pour la France et l'exportation.
Cette association prît fin en 1904 au décès de Mr Hieret.
Messieurs Ayaïs et Cl.Lagarde s'associèrent avec Messieurs Canac et Bouteloup, l'un négociant à Bègles, l'autre consignataire rue de la Rousselle à Bordeaux et constituèrent un groupement d'achat en commun et achèteront une sécherie de morue à La Rochelle appartenant à Monsieur Moni? et dont Clodomir Lagarde prît la direction Quai Valin à La Rochelle. La Sécherie étant à 3 km de La Rochelle à Périgny.
Cette association se termina en 19? et Mr Cl.Lagarde devint propriétaire de la sécherie et du fond de commerce de la Rochelle sous la dénomination C.Lagarde et Cie qu'il dirigea jusqu'en 1925.
A cette date Messieurs Clodomir et Louis Lagarde s'associèrent pour l'exploitation de la sécherie? C.Lagarde et Fils, dont Mr Louis Lagarde prît la direction. Mr Clodomir Lagarde apportant la sécherie de Périgny et le fond de commerce Monsieur Louis Lagarde la même valeur en espèces, l'association étant faite pour 10 ans.
En 1935 la société fût dissoute et le fond de commerce de Mr Heriet furent vendus à la Sepoa, société fondée par Messieurs Boyer, Vieu, Lagarde, Lemetais et dont Mr Lemetais acheta toutes les parts pour en devenir acquéreur. Le siège qui était au Pré St Gervais à Paris fût transféré à La Rochelle et Mr Lois Lagarde qui était gérant statutaire de cette société en garda le titre et la Sepoa se transféra à La Rochelle pendant 8 mois.
En juillet 1936 la Sepoa fit une augmentation de capital qu'elle porta à 625.000 F et acheta les Etablissements Servain (teinturerie) Rue de la Barricade à Fécamp où elle installa une sécherie pour le salage et le séchage de la morue pour la vente en France et pour l'exportation dont Mr Louis Lagarde garda la gérance depuis la création en 1932 de la ? à Bordeaux de la Sepoa.
Avec les nouveaux actionnaires qui participèrent à l'augmentation de capital dont plusieurs saleurs en hareng de Fécamp elle créa un groupement d'achat de morues dont Mr Lemetais fût le consignataire.
La Sepoa fût sans occupation en 1940 et Mr Lagarde à la suite d'un voyage à Dakar, retenu pendant 3 ans au Sénégal, la Sepoa ne fonctionna pas pendant cette durée sous la direction de Mr J.Servain mais ne fit aucune opération commerciale ni industrielle et resta sans activités.
En janvier 1945, au retour de Monsieur Louis Lagarde elle repris son activité antérieure dans les conditions où le commerce de la morue repris lentement et au fur et à mesure où la pêche à la morue reprit son activité.
A différentes époques, notamment de 1945 à 1957, il créa plusieurs filiales, dont la SNPN en association avec Mr Mallet, armateur à Dieppe, pour le commerce et l'industrie du hareng; Mais aussi la Copim en association avec son fils Jean-Louis Lagarde qui prit la direction de ces deux affaires. Il fît notamment plusieurs augmentation de capital de la Sepoa.
En 1952 la Sepoa fût transformée en Société Anonyme dont Mr Louis Lagarde devint le Président Directeur Général jusqu'à sa retraite en 1960.
Plusieurs augmentation de capital furent faites pour porter son capital à 22.500.000 en plusieurs ??.
En 1957 elle créa la SAF avec Messieurs Massif, Lefort, Lemesle, Tocque, Copim et Sepoa pour la pêche hauturière, mais surtout la pêche au hareng.
La Sepoa au départ de l'affaire n'ayant que 2/5 de la SAF avec la Copim et devant subir la loi de la majorité mais Jean-Louis Lagarde fût nommé gérant avec Mr. Ph.Lemesle pour la direction de cette affaire et la Sepoa avait ainsi un droit de regard sur l'administration de la SAF. Après trois ans la Sepoa devint majoritaire en 19? achetant les parts de Tocque et de Lemesle et prit la direction définitive de la SAF en étant majoritaire à plus de 60% avec la Copim.
Pendant les années de 1936 à 1960 la Sepoa sur 100 négociants en activité en France était classée10ème avec une exploitation variable pendant ces années de 1500 à 1800 tonnes de préparation de morues salées, filets de morues et morues sèches à l'exportation.
En 1984 elle reste dans le dernier carré des 10 maisons qui restent en France et sont considérées comme négociant en morues en France à Bordeaux, Jonzac et Fécamp, St Malo n'ayant plus de négociant ni d'armement.
En 1984 la Sepoa fait encore environ 400 tonnes de morues et 200 tonnes de harengs et avec la SAF propriétaire d'un chalutier de 50 mètres faisant la pêche hauturière, occupe toujours les locaux de la rue de la Barricade à Fécamp et occupe un personnel d'ensemble d'environ 50/70 personnes tout dans l'industrie de la pêche (pêche et du négoce).
De tout ce qui est écrit, 4 générations de la famille Lagarde ayant fait le négoce et l'industrie de la morue, la présence de charge générale se résume de la façon suivante :
Clodomir Lagarde 1892/1925 33ans
Louis Lagarde 1925/1960 35 ans
Jean-Louis Lagarde 1960/1984 24 ans
Louis Lagarde (fils) 92 ans
Il est probable que la 4ème génération qui s'inscrit en 1983 et qui prendra la suite de Jean-Louis Lagarde et de Louis Lagarde (fils) continuera ainsi pendant plusieurs générations, à la pêche hauturière et à la salaison et la fumaison du hareng mais aussi en diminution certaine, du négoce de la morue, et qu'en raison des capitaux acquis elle pourra envisager le développement de la SAF et continuera l'industrie de la pêche pour y adjoindre d'autres produits ? ? le commerce du poisson surgelé dont dépendra de la valeur des dirigeants futurs de l'affaire qui garde en elle des possibilités de longévité pour d'autres générations.
Fécamp Juillet 1984
En 1984 les 3 familles Lagarde, Jean-Louis, Antoine, et Louis Lagarde étaient à elles trois possesseurs de la majorité de la Sepoa et de la SAF.
Février 1984